Qu'est-ce-qui a bien pu leur passer par la tête ? En 2018, stars, journalistes, politiques ou anonymes ont franchi la ligne jaune en mentant en connaissance de cause au public, avant de reconnaître leur erreur, souvent après la révélation d'éléments accablants. puremedias.com a dressé une liste non exhaustive des mensonges - certains plus légers que d'autres... - de cette année.
Il s'appelait Jamal Khashoggi. Ce journaliste saoudien, qui collaborait avec le "Washington Post", n'avait plus donné signe de vie depuis le 2 octobre, jour où il s'était rendu au consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul pour des démarches liées à son futur mariage. Critique du pouvoir de Ryad, il s'était exilé l'an dernier aux Etats-Unis, redoutant une arrestation après avoir pointé du doigt certaines décisions du prince héritier d'Arabie saoudite. Sa fiancée, qui l'attendait à l'extérieur du consulat, a assuré qu'il n'en est jamais ressorti. La police turque a vite conclu que le journaliste avait été assassiné dans l'enceinte du consulat. Après avoir affirmé dans un premier temps que Jamal Khashoggi avait disparu après avoir quitté les locaux et ouvert une enquête interne, l'Arabie Saoudite avait fini par donner une nouvelle version près de trois semaines plus tard. "Les discussions qui ont eu lieu entre lui et les personnes qui l'ont reçu au consulat saoudien à Istanbul ont débouché sur une bagarre et sur une rixe à coups de poing avec le citoyen Jamal Khashoggi, ce qui a conduit à sa mort, que son âme repose en paix", a annoncé dans un communiqué le procureur général saoudien. Ryad a ensuite une nouvelle fois modifié son explication officielle en évoquant un acte prémédité et non plus une rixe qui aurait mal tourné. Une enquête a été ouverte côté turc tandis que le pouvoir saoudien assure toujours n'avoir aucune part de responsabilité dans ce meurtre. Le journaliste assassiné a été désigné "personnalité de l'année 2018" par le magazine "Time" aux côtés d'autres journalistes pris pour cible cette année.
Dans "Koh-Lanta, le combat des héros", édition qui réunissait d'anciens candidats et avait été diffusée sur TF1 au printemps dernier, Javier, le candidat belge, a eu l'idée de fabriquer un faux collier d'immunité avec la complicité de Pascal et de Yassin pour tromper Nathalie. Un procédé qui a fonctionné et qui a fait polémique auprès des téléspectateurs et parmi les candidats lorsque la supercherie a été révélée au grand jour. Javier a expliqué dans la presse belge qu'il avait agi ainsi pour se protéger car Nathalie avait prétendument l'intention de voter contre lui. D'autres candidats reprochaient à la jeune femme de prétexter mener des expéditions nourriture afin de dénicher un collier d'immunité. La principale intéressée a quant à elle pris les choses avec philosophie. Eliminée seulement aux portes de la finale grâce au soutien inattendu de Javier qui avait été pris de remords, elle a expliqué dans une interview accordée à puremedias.com : "Quelque part, si je suis à ce niveau-là du jeu, c'est un peu grâce à lui et donc grâce à ce faux collier dont il se sent redevable".
Le 20 avril, une opération de police a lieu dans les locaux de l'université parisienne de Tolbiac afin d'en déloger les étudiants qui bloquent l'accès à l'établissement, qu'ils occupent jour et nuit depuis plusieurs semaines. Le magazine en ligne "Reporterre" recueille sur place le témoignage de plusieurs étudiants qui affirment qu'un de leurs camarades a été grièvement blessé par la police. D'abord donné pour mort, il aurait été évacué à l'hôpital dans le coma. Le "Media" publie à son tour le témoignage vidéo d'une étudiante, Leila, qui décrit dans le détail les faits graves auxquels elle a assisté. Les autorités démentent cette information et personne n'est capable de retrouver le fameux étudiant. Après une enquête approfondie mettant à mal les différentes versions des supposés témoins, "Libération" révèle que tout était faux. Même Leila avoue avoir menti, se justifiant ainsi : "Je ne suis pas un témoin visuel. Les témoins ne veulent pas parler aux médias, c'est pourquoi nous relatons les faits".
Stupéfaction pour les téléspectateurs des "Terriens du dimanche" de Thierry Ardisson sur C8 fin octobre. Alors qu'il fait son entrée en descendant l'escalier du plateau, l'un des mercenaires de l'émission, Franz-Olivier Giesbert, rate une marche et fait une terrible chute. Thierry Ardisson et des chroniqueurs se portent à son secours mais le journaliste se relève aussitôt, juste un peu décoiffé et, passée l'émotion, le programme poursuit son cours normal. Stéphane Simon, le producteur, qualifie la séquence sur Twitter de "pire gadin de l'histoire de la télévision". Mais sur ces mêmes réseaux sociaux, les téléspectateurs se demandent s'il ne s'agissait pas d'un cascadeur. Moins de 24h plus tard, la production leur donne raison et reconnaît la supercherie en affirmant qu'il s'agissait d'un clin d'oeil aux précédentes entrées originales de Franz-Olivier Giesbert en plateau qui, souffrant du genou, ne peut plus emprunter le fameux escalier. "Chaque semaine on vous prépare une entrée en grande pompe. C'est devenu une espèce de running gag", explique Thierry Ardisson dans l'émission suivante après avoir diffusé le making-of de la chute.
"Quotidien", l'émission de Yann Barthès sur TMC, diffuse fin octobre des images surréalistes du député et leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon ; images sur lesquelles on le voit furieux s'en prendre violemment à des policiers et à un procureur, n'hésitant pas à clamer : "La République, c'est moi !". Alors que Jean-Luc Mélenchon accuse "Quotidien" d'avoir diffusé ces images avant de les remettre à la police, Yann Barthès lui répond dès le lendemain. "Jean-Luc Mélenchon ment ! La police ne nous a pas demandé les images. Aucune image. Nous n'avons eu aucun contact ni avec la justice, ni avec la police. Je tiens à rappeler que si nous avons les images de la perquisition, c'est que la France insoumise a bien voulu nous faire rentrer", s'est défendu l'animateur en diffusant des images pour prouver ses dires. On voit notamment le député dire face caméra : "Bon ben, c'est bien d'être là. Merci, parce que c'est la seule protection qu'on a"...
La séquence avait fait grand bruit en mai 2017. Au cours d'un prime de "Touche pas à mon poste", Cyril Hanouna avait posté une annonce sur un site de rencontres en se faisant passer pour un bisexuel et en recevant à l'antenne des appels d'hommes intéressés par son profil dont ils étaient loin de se douter qu'il s'agissait d'un faux. A la suite de cette séquence, qualifiée d'homophobe par de nombreux téléspectateurs, l'association Le Refuge, qui vient en aide à de jeunes homosexuels chassés de leur domicile en raison de leur orientation sexuelle, avait affirmé avoir reçu l'appel de détresse d'un jeune homme qui avait appelé Cyril Hanouna en direct et qui, ayant été reconnu par ses parents, avait été expulsé de chez lui. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait reçu un nombre record de signalements et, après avoir instruit le dossier, avait infligé une amende de trois millions d'euros à C8. Un an et demi après les faits, à l'occasion d'un article de "L'Express" consacré à Cyril Hanouna, le président du Refuge, Nicolas Noguier, a reconnu que le jeune homme en question n'avait jamais existé : "Il n'y a jamais eu d'appel de détresse et il n'y a pas d'adolescent victime". C'est un bénévole de l'association - exclu depuis - qui aurait été touché par ce canular, au point d'inventer cet appel de détresse. A l'antenne, l'animateur de C8 a déclaré à ce sujet qu'"il n'y a pas eu de victime, c'est le seul truc qui m'intéresse" et incité les téléspectateurs à continuer à soutenir Le Refuge. Le 24 mai prochain se tiendra une audience à Paris, suite à la plainte en diffamation déposée par H2O Productions, la société de production de l'émission.
Cet été, RT France, chaîne financée par le pouvoir russe et épinglée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel pour manquements à l'honnêteté, à la rigueur de l'information et à la diversité des points de vue suite à un reportage sur la Syrie, a accusé France 2 d'avoir relayé une fausse information sur Vladimir Poutine dans son "20 Heures". A l'issue d'un sujet consacré aux vacances des présidents de la République, le journaliste Jean-Baptiste Marteau avait évoqué une chasse au tigre du président russe, en diffusant une photo de ce dernier prenant la pose aux côtés d'un tigre allongé au sol. Sauf que, selon RT France, le fameux cliché datait de 2008 et s'inscrivait dans le cadre d'un "programme national de préservation du tigre de Sibérie, auquel Vladimir Poutine a apporté son soutien. Tout l'inverse, donc, d'une chasse au fauve...". France Télévisions a reconnu "une erreur involontaire" et présenté ses excuses auprès de ses téléspectateurs dans le "20 Heures".
Mardi 11 décembre, quelques heures après l'attentat commis sur le marché de Noël de Strasbourg, apparaît sur CNews un certain Rachid, se présentant comme un proche du tireur présumé Cherif Chekatt. "Il était super gentil. Ce n'était pas quelqu'un qui cherchait les problèmes. C'était quelqu'un de super gentil et discret. Il n'avait pas l'air d'être quelqu'un de borné ou qui ne sait rien à la vie. Il avait l'air de quelqu'un de cultivé", a-t-il déclaré. Un témoignage que la journaliste de CNews Sonia Mabrouk invitait à prendre avec beaucoup de précaution. Cet avertissement s'est avéré utile puisque deux jours plus tard, sur les réseaux sociaux, Rachid s'est vanté d'avoir berné les journalistes alors même qu'il ne connaissait pas Cherif Chekatt...
Mi-décembre, dans le "19/20 national" de France 3 présenté par Catherine Matausch, apparaît en arrière-plan de la journaliste une photo de manifestants Gilets jaunes, dont l'un d'eux brandit une pancarte sur laquelle on peut simplement lire "Macron". Sur les réseaux sociaux, les téléspectateurs n'ont aucun mal à retrouver la photo originale prise par l'AFP et découvrent que l'inscription complète lisible sur la pancarte, "Macron dégage", a été tronquée. "C'est une erreur humaine. Nous en avons identifié l'origine. Cela ne se renouvellera pas", a admis le compte Twitter du journal du week-end de la troisième chaîne avant que Catherine Matausch ne présente ses excuses à l'antenne en diffusant la photo originale. L'auteur de la pancarte modifiée a depuis saisi le CSA. Las, selon la rubrique "Checknews" de "Libération", ce n'est pas la première fois que le journal de France 3 est le théâtre d'un tel incident : la fois précédente, un manifestant arborant un gilet jaune sur lequel on pouvait lire... "Macron dégage", avait été ajouté alors qu'il ne figurait pas sur le cliché original diffusé ! De son côté, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, a estimé qu'il s'agissait de "faits graves". Elle s'est engagée à prendre des sanctions "après instruction précise des faits par la direction de la rédaction" et à "faire en sorte que ces erreurs ne se reproduisent pas".
Ce papier a été modifié le 29 décembre 2018.