Après Manuel Valls à la manoeuvre depuis une semaine, c'est au tour de Christiane Taubira de monter au créneau dans "l'affaire Dieudonné". Dans une tribune publiée ce matin sur le HuffingtonPost.fr et intitulée "Ebranler les hommes", la ministre de la Justice a ainsi mené une charge violente contre l'humoriste.
Christiane Taubira a commencé par condamner fermement Dieudonné aussi bien que son public. "Il est triste, infiniment triste, d'achever une année sur les pitreries obscènes d'un antisémite multirécidiviste" a ainsi regretté la garde des Sceaux. "Faut-il que son talent soit stérile pour qu'il n'ait d'autres motifs pour faire s'esclaffer des esprits irresponsables ou incultes ou pervers, qu'une tragédie, un génocide, un indicible drame" a également taclé Christiane Taubira au début de sa tribune.
Pour la ministre de la Justice, le cas Dieudonné ne relève pas du débat sur la liberté d'expression. "La liberté d'expression doit demeurer le principe. Ce principe ne peut servir de paravent à des ignominies. Ce qui relève du débat public doit être débattu. Ce qui relève de la Justice doit être sanctionné. Ces ignominies sont des délits. Elles sont matière pour la Justice" a précisé la responsable politique, qui est également revenue sur le volet financier de l'affaire.
Sur Europe 1 ce matin, Manuel Valls a une nouvelle fois tenu à souligner que Dieudonné n'avait "pour l'instant acquitté le montant d'aucune amende, dont le total cumulé s'élève à plusieurs dizaines de milliers d'euros". Le ministre de l'Intérieur a également accusé l'ancien complice d'Elie Semoun "d'organiser son insolvabilité, de ne pas payer ses amendes".
En la matière, Christiane Taubira a appelé la Justice à "sanctionner avec efficacité" l'humoriste. "Il revient à la Justice de veiller à l'exécution de ses décisions. C'est une condition de sa crédibilité et de sa justesse. L'organisation frauduleuse d'insolvabilité est punie par la loi (...) ; et si elle est avérée, elle doit faire l'objet des diligences nécessaires. Au titre de l'unité de l'Etat, le Trésor public doit être en mesure de procéder, par tous moyens de droit, au recouvrement des sommes dues au regard des décisions de justice" a expliqué la ministre de la Justice.
"Sanctionner avec efficacité est indispensable mais ne suffira pas" a cependant prévenu Christiane Taubira, qui en a appelé à une réaction de l'ensemble de la société contre "ces provocations putrides (qui) testent la société, sa santé mentale, sa solidité éthique, sa vigilance. Il nous faut y répondre, car la démocratie ne peut se découvrir impuissante face à des périls qui la menacent intrinsèquement". Et la ministre de conclure : "Il faut donc descendre dans l'arène, disputer pied à pied, pouce par pouce l'espace de vie commune, faire reculer cette barbarie ricanante, la refouler, occuper le terrain par l'exigence et la convivialité".