Pour Xavier Niel, le patron de Free Mobile, il n'y a aucun concurrent qui vaille, à part Orange. Il cite l'opérateur historique régulièrement, le remercie, le salue. Et pour cause, Orange est son partenaire technique lorsque le réseau Free Mobile est absent. Quand Niel parle des deux autres, SFR ou Bouygues Telecom, il s'en moque, raille leurs offres ou leur manque d'innovation. Encore hier devant les députés de l'Assemblée Nationale, Niel a démenti les rumeurs et une nouvelle fois tapé sur cette concurrence si peu ravie de le voir arriver sur ce marché.
Franck Esser patron de SFR lui répond pour la première fois, dans Le Monde. Moins d'une semaine après Stéphane Richard patron d'Orange dans Le Journal du Dimanche. Son ton est tout aussi acerbe : "Nous avons été choqués par la violence des propos de Xavier Niel, à la limite de l'insulte (...) Cela a généré de la violence : dans nos boutiques, nos vendeurs se sont fait agresser verbalement" affirme-t-il. Orange avait fait le même constat dans ses enseignes après que Xavier Niel avait traité de "pigeons" les clients de la concurrence lors du lancement de son forfait tout illimité à 19,99 euros .
Malgré le million d'abonnés en approche pour Free Mobile, SFR ne compte pas riposter, même si ses offres Web ont été ajustées et si de nouvelles formules quadruple play sont en préparation. "Nous ne nous alignerons pas sur les prix d'Iliad. Nous ne sommes pas un opérateur low cost : derrière les offres, il y a un accompagnement et un réseau d'infrastructure dans lequel nous n'avons pas cessé d'investir" annonce-t-il. "On est tout sauf une entreprise low cost, lui répondait déjà hier Xavier Niel. Déployer un réseau, ce n'est pas facile mais on y arrive".
Le réseau est, comme dans les années 90, le seul point de différenciation des opérateurs entre eux. Qui a la meilleure couverture, le débit le plus élevé ? SFR assure posséder 18 000 sites, 3500 antennes devraient encore être installées pour améliorer l'internet mobile. Free Mobile ne comptabilise que 1000 antennes à ce jour, son objectif est d'en déployer 5000 à court terme. "Les clients ne s'en rendent pas compte, mais pour qu'il soit de grande qualité, qu'il supporte des débits de données qui explosent, ça un coût considérable. Nous avons investi 1,6 milliard d'euros en 2011" affirme SFR. En clair : une bonne couverture à un coût, venir chez nous c'est accepter d'en payer le prix. En pleine crise, les clients sont-ils prêts à consentir cet effort ?