Hier soir, Pierre Bergé a fortement critiqué la manière dont "Le Monde" a traité les révélations sur les "SwissLeaks". L'homme d'affaires, l'un des trois actionnaires du journal du soir, s'en est sévèrement pris à Fabrice Lhomme et Gérard Davet, les deux journalistes qui ont révélé ce vaste système d'évasion fiscale mis en place par la banque HSBC pour une centaine de milliers de clients.
Pierre Bergé, qui s'emporte régulièrement contre le contenu de "son" journal, a dénoncé hier la mise en avant des personnalités impliquées dans cette affaire, comme Gad Elmaleh, qui aurait régularisé sa situation il y a plusieurs années. "Est-ce que c'est le rôle d'un journal - et surtout d'un journal comme Le Monde - de jeter en pâture des noms, des gens ? Pourquoi Gad Elmaleh ? Qu'est-ce que ça veut dire ça ? Pour moi, c'est flatter les pires instincts qui soient et ce n'est pas ça que devrait être journal, en tout cas un journal comme Le Monde", a déclaré Pierre Bergé qui n'a pas hésité à parler de "populisme". "Ce sont des méthodes que je réprouve totalement et qui n'ont aucune justification", s'est-il insurgé, en se disant "en colère", "triste", et "déçu".
Le quotidien du soir n'a pas souhaité commenter la sortie de son propriétaire. En effet, l'édition du soir, datée de demain, n'évoque pas ce débat qui a également été abordé par Matthieu Pigasse dès la sortie de l'information dimanche soir. Cependant, Fabrice Lhomme et Gérard Davet ont souhaité répondre aux critiques dans une interview à "Médias le mag" sur France 5.
"Etre critiqués n'est pas un soucis. Etre censuré en serait un vrai et, là, on nous entendrait. Objectivement, ils peuvent critiquer, ce n'est pas un problème. L'essentiel c'est qu'on puisse publier nos papiers et c'est le cas... Le reste c'est vraiment de la discussion entre la direction éditoriale du journal et les actionnaires. Nous, on ne rentre pas là-dedans, on fait notre boulot. En France, à partir du moment où on touche à l'argent, à l'argent dissimulé, ça créé forcement des problèmes. On assume, et il n'y a aucun problème", ont déclaré les deux journalistes qui jugent "absurde" qu'on compare leurs articles à de la "délation".