Vivendi a annoncé lundi soir dans un communiqué qu'il avait pris 3,01% du capital de Mediaset, un géant des médias italien, éditeur notamment des chaînes Canale 5, Italia 1 et Rete 4. Loin de s'arrêter là, le groupe français annonce dans la foulée son intention de poursuivre ses achats d'actions Mediaset pour devenir rapidement le deuxième actionnaire de Mediaset. Pour ce faire, Vivendi est prêt à acquérir entre 10% et 20% de son capital, pour l'instant détenu à 33,5% par Fininvest, le holding de la famille Berlusconi, et à 4,9% par Mackenzie Financial Corporation.
Cette prise de participation de Vivendi s'apparente à "un rachat hostile" selon Fininvest. Ce dernier a estimé dès hier que "Vincent Bolloré et Vivendi ont montré lundi leurs véritables intentions" et que tous les moyens seraient utilisés pour résister et "bloquer une tromperie très grave aux dépens du marché".
En avril dernier, désireux de se développer en Europe du Sud, Vivendi annonçait avoir conclu un partenariat stratégique et industriel avec Mediaset par échange de participation. Vivendi devait acquérir 3,5% du capital de Mediaset et 100% du capital Mediaset Premium, sa filiale de télévision payante, en échange de 3,5% du capital de Vivendi. Cette alliance, présentée comme stratégique, devait être la première étape pour créer un "Netflix européen".
Le groupe de Vincent Bolloré devait finalement dénoncer cet accord en juillet, à la surprise générale. Estimant notamment avoir disposé d'une information faussée de la part de son partenaire italien sur l'état de Mediaset Premium, le groupe médias français demandait une renégociation du deal. Si Vivendi voulait bien maintenir l'échange de participation de 3,5%, il proposait de racheter seulement 20% de Mediaset Premium, et de monter à environ 15% dans Mediaset sur trois ans.
Inacceptable selon Fininvest, qui voyait dans ce revirement inattendu une manoeuvre pour prendre à court terme le contrôle de Mediaset. Le holding italien avait rapidement décidé d'attaquer en justice son ex-partenaire français, tout en continuant les tractations en coulisses. L'offensive d'hier peut être pour Vivendi un moyen de ramener de force l'Italien à la table des négociations. Elle peut aussi bien être le début d'une véritable tentative de prise de contrôle rampante de Médiaset, comme Vivendi l'a déjà fait avec Gameloft et Ubisoft. Dans les deux cas, il s'agit bien de tordre le bras de l'Italien.