Jeannette Bougrab à la télévision américaine. Jeudi dernier, au lendemain de l'attentat qui a fait 12 morts au siège de "Charlie Hebdo", l'ex-secrétaire d'Etat a pris la parole dans les médias pour évoquer sa peine, révélant être la compagne de Stéphane Charbonnier, dit Charb. Depuis, le frère du dessinateur - déclarant parler également au nom de ses parents - a affirmé dans une déclaration à l'AFP qu'il démentait "l'engagement relationnel" entre Jeannette Bougrab et Charb, et lui demandait de ne plus s'exprimer dans les médias. "Je n'ai pas envie de rentrer dans cette mare de boue qui est laide, qui est moche. Ils l'ont quelque part tué une deuxième fois en faisant ça", avait-elle répondu sur Europe 1.
Ce mardi, la chaîne américaine MSNBC a diffusé un entretien réalisé en début de semaine avec Jeannette Bougrab. Si la veuve de Charb ne répond pas explicitement aux déclarations de la famille du caricaturiste, elle a évoqué sa vie depuis une semaine et son deuil. "Je ne dors pas, je ne mange pas, je ne bois qu'un peu d'eau. J'aimerais mourir parfois. Je voudrais donner ma vie pour celle de mon compagnon", explique-t-elle. "C'est un grand homme, c'est mon héros. Il se battait pour la laïcité, pour la liberté. Il était juste un caricaturiste et il est mort parce qu'il était un caricaturiste. C'est incroyable", poursuit Jeannette Bougrab, répétant qu'elle aurait aimé "prendre sa place".
Par ailleurs, Jeannette Bougrab a montré deux vidéos et des clichés où elle apparaît avec sa fille ainsi qu'avec Stéphane Charbonnier. L'ex-présidente de la HALDE a également présenté au journaliste des cadeaux que lui avait fait le caricaturiste, dont un dessin où il avait écrit "Bougrab, je vous love". "Je ne pourrai aimer personne après lui", a-t-elle confié, très émue. Puis, le journaliste a interrogé Jeannette Bougrab sur le moment où elle a pris connaissance des événements et de la disparition de son compagnon.
"Quand j'ai entendu les informations, j'ai essayé de l'appeler mais il n'a pas répondu alors qu'il répondait immédiatement d'habitude. (...) Donc j'ai pris un taxi et je suis allée à Charlie Hebdo. (...) Le président de la République était là. Je lui ai demandé où était Charb et il ne m'a pas répondu. Un homme a dit 'Il est mort' et je suis tombée au sol, j'ai pleuré. Je ne voulais pas y croire", raconte, en larmes, Jeannette Bougrab.
"Son garde du corps m'a confirmé qu'il était mort mais m'a déconseillé de rentrer. J'ai attendu plusieurs heures dans la rue, dans le froid, puis le médecin m'a emmenée à l'hôpital et j'ai dit au revoir à mon amour, je l'ai embrassé sur la main et sur la tête. Je n'ai pas pu voir son visage parce qu'ils avaient mis une sorte de voile car l'attentat l'avait détruit", poursuit-elle, concluant son interview d'un poignant "Je préférerais mourir".