"A quoi joue Vincent Bolloré ?", s'interroge en Une Libération ce matin. Vivendi, dont il est le principal actionnaire, n'a jamais eu autant de cash disponible dans ses caisses, grâce à un désengagement de nombreuses sociétés, dont SFR. Fin 2015, le groupe disposait d'une trésorerie de 6,4 milliards d'euros ! Que compte faire Vincent Bolloré de ce magot ? "Il est bien parti pour dépenser, sur la période 2015-2017, la somme faramineuse de 8 milliards d'euros en dividendes et rachats d'actions. A qui profitera cet ahurissant siphonnage de trésorerie ? Aux actionnaires évidemment et donc au premier d'entre eux, 'Bollo' lui-même", écrit Libé.
Malgré quelques rachats récents (Dailymotion) et des prises de participation dans certaines société comme Ubisoft, Telecom Italia ou Gameloft, Vivendi dispose encore de confortables économies. En 2015, le groupe a donc triplé le dividende versé aux actionnaires, soit 4 milliards d'euros. En 2016, ce sont au minimum 1,3 milliard d'euros supplémentaires qui devraient tomber dans leurs poches.
Libération révèle aussi que l'industriel breton s'est aussi lancé "dans un programme de rachat d'actions massif". Objectif : monter un peu plus dans le capital de Vivendi grâce à la trésorerie... de Vivendi ! Fin février, il avait ainsi mis la matin sur 86 millions d'actions, pour 1,6 milliard d'euros. "Au rythme actuel, d'après nos estimations, c'est environ 2,5 milliards d'euros qui pourraient sortir en quelques mois des comptes de l'entreprise", écrit le journal. Au total, dividendes et rachats d'actions cumulés, Bolloré devrait sortir des caisses de Vivendi près de 8 milliards d'euros ! Le trésor de guerre du groupe pourrait donc être réduit à néant d'ici fin 2017.
Une stratégie d'actionnariat élevé qui prive le groupe de cash pour faire des acquisitions et investir ces prochaines années. Pourtant, devant les cadres de Canal+ réunis à l'Olympia en novembre dernier, il leur avait assuré vouloir dépenser "plusieurs milliards", notamment dans le sport. "A ce petit jeu, le grand filou du capitalisme français pourrait bientôt détenir 17 % ou 18 % de Vivendi sans avoir déboursé un euro supplémentaire. Son pouvoir sur la société s'accroît en même temps que la valeur de sa participation. Du grand art", analyse Libé. Ces opérations financières permettent aussi à Vincent Bolloré de désendetter son propre groupe, le Groupe Bolloré, qui a dépensé beaucoup d'argent pour entrer et monter au capital de Vivendi ces dernières années.