Un non-évènement. Tel est le message que Laurent Joffrin a tenu à faire passer dans son édito du jour dans "Libération". Le directeur de la rédaction du quotidien a tenu à revenir sur le rachat annoncé par la presse de "Libération", comme des autres activités médias de Patrick Drahi par SFR, un opérateur contrôlé par... Patrick Drahi. Laurent Joffrin confirme ainsi au passage une opération que les entreprises concernées refusaient pour l'instant de confirmer avant la tenue d'une conférence de presse mercredi.
Dans son texte, Laurent Joffrin tient en tout cas à rassurer ses équipes et ses lecteurs. Ce rachat du journal par un opérateur télécom est selon lui un "non-changement" et même "la possibilité" pour le journal "d'étendre son audience auprès d'un public nouveau". "Les statuts du journal, et notamment la charte qui garantit son indépendance rédactionnelle, continuent de s'appliquer selon des modalités strictement identiques à ce qu'elles étaient depuis toujours, avec, en bout de chaîne, le même actionnaire de référence", explique-t-il.
"Il s'agit en fait, non de modifier la gouvernance de 'Libération', mais de rapprocher, dans l'intérêt commun, un journal et un opérateur télécom capable de lui offrir des possibilités nouvelles de diffusion. Selon la terminologie en vigueur, les opérateurs du contenant estiment qu'ils doivent aussi devenir les vecteurs du contenu offert par les médias", décrypte enfin le directeur de la rédaction de Libération.
Comme le révélait le 11 avril dernier La Tribune, SFR devrait bientôt racheter l'ensemble des médias détenus par Patrick Drahi : "Libération", "L'Express" mais aussi la chaîne d'information située en Israël, i24news ainsi que la participation de 49% d'Altice dans NextRadioTV, la société qui détient BFMTV, BFM Business, RMC, et RMC Découverte. Comme prévu initialement, Alain Weill, fondateur du groupe et désormais patron de la branche médias d'Altice, conservera quant à lui ses parts de 51% du groupe jusqu'en 2019.
Patrick Drahi compterait aussi faire naître deux chaînes de sport supplémentaires au nom de SFR Sport. Ces chaînes seront accessibles aux clients de la box SFR, mais l'opérateur téléphonique compte aussi les proposer sur les box concurrentes. Deux ans après avoir investi dans les télécoms et dans les médias, Patrick Drahi, qui détient aussi Ma Chaîne Sport, a déjà chipé les droits de diffusion de la Premier League à Canal+ en novembre dernier.